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[Critique] Albert Nobbs (2011)

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Grand habitué des séries TV et également co-auteur du très attendu Gravity réalisé par Alfonso Cuarón, Rodrigo García arbore son nouvel opus Albert Nobbs basé sur un roman initialement écrit par George Moore.

Si on a l’habitude de voir les hommes se déguiser en femme et par la même occasion, sombrer dans le ridicule (Big Mama), ici l’opération est diamétralement opposée, le personnage principal du genre féminin dissimule ses courbes dans un smoking et ce n’est pas pour amuser la galerie. Loin du glamour ultra hollywoodien de Victor, Victoria, Albert Nobbs s’inscrit directement dans la lignée des films à message fort. Féministe, poignant, tout en gardant un ton « pince sans rire » pour ne pas tomber lentement dans la dépression. La démarche est menée subtilement. Pas de dialogue orienté « girl power » ou de clichés saugrenus. L’auteur nous mène vers un trio d’actrices au caractère fort et leur passé/présent dépeint une image hideuse de la nature masculine. Rien n’est revendiqué, les idées sont tout simplement suggérées.

albert nobbs 1 [Critique] Albert Nobbs (2011)

Glenn Close (également auteur), apparaît sans fard et masculinisée. En plus du déguisement qui lui permet de se fondre dans une foule virile, l’actrice a totalement adopté la gestuelle si propre aux hommes. Absolument édifiante et efficace. Les deux autres héroïnes Janet McTeer et Mia Wasikowska semblent complètement investies dans leur rôle. Comme n’importe quelle femme dans la vie, les amazones dévoilent des sentiments précieux tout en restant mystérieuses. Un point très important sur la crédibilité de l’intrigue qui s’avère très féminine. Distingué et fin, Albert Nobbs se faufile avec classe et ne plonge jamais dans la vulgarité. Même quand certains sujets sensibles sont évoqués ou effleurés. L’homosexualité rôde et apparaît comme un halo, un scintillement qui érafle nos pensés. Les personnalités féminines sont confrontées au monde patriarcal qui les entoure et se retrouvent seules à partager leur peine et aussi leur passion. L’homme est mis à l’écart et l’image de chef de clan qui lui collait à la peau à l’époque (début du XXème siècle) est écorchée. Pour représenter l’idée, le cinéaste a cloué deux personnalités émergentes, Jonathan Rhys Mayer et Aaron Johnson. Le premier apparaît en second plan, son personnage futile est simplement présent pour rajouter une couche immonde sur le compte des hommes. L’acteur campe un individu exécrable, macho et volage. Le coup de massue revient à l’acteur star de Kick-Ass, le jeune homme dévoile un personnage démoniaque et lâche. Face à Glenn Close, Aaron Johnson parvient à tirer son épingle du jeu, charismatique et très à l’aise, il offre une prestation plutôt désinvolte et marquante.

albert nobbs 2 [Critique] Albert Nobbs (2011)

Albert Nobbs est délicat, mature et fort en personnages. Quasi minimaliste et proche du huis clos, l’action se déroule en majeure partie dans un hôtel mais l’ensemble est malheureusement trop long. Un montage offrant vingt minutes en moins aurait été parfait et le superflu gommé aurait permis de mieux suivre le fil. Cependant, le film a beaucoup à dire et le propos sur la condition des femmes autrefois nous ramène inévitablement à notre époque. En cent ans, a-t-on vraiment évolué ? Quoi qu’il en soit, Albert Nobbs est un film à ne pas mettre entre toutes les mains, sa maturité, son humour décalé et sa fine tristesse le rangent dans une catégorie plutôt singulière.


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